jeudi 10 décembre 2009

LE STUDIO 54


Si je vous raconte qu’il existait entre 1977 et 1979, à New York (Manhattan), une discothèque dans laquelle Andy Wharol, Truman Capote, Diana Ross et Salvador Dali dansaient toute la nuit et qu’il y pleuvait des ballons remplis de cocaïne qu’il fallait exploser, vous ne me croyez pas ? Et bien, ne vous méprenez pas, cette discothèque a bel et bien existé : il s’agit du Studio 54 ou "la Mecque de la défonce mondaine", qui a fait fureur pendant 33 mois consécutifs avant d’être fermé. Pour les curieux ...


Ian Schrager (à gauche) et Steve Rubell (à droite), à la dernière soirée du Studio 54, « The End of Modern-day Gomorrah », le 4 février 1980, la veille de leur entrée en prison. Au centre, leur avocat, Roy Cohn.


Les origines : A New York, Steve Rubell et Ian Schrager, deux amis de longue date, gagnent bien leur vie grâce à leur petit restaurant. Mais cela ne leur suffit pas, ils ont de l’ambition et souhaitent gagner plus d’argent. Pour cela, ils décident de tout miser sur la vente d’alcool et plus précisément, sur l’ouverture d’une boite de nuit. Steve Rubell est un fêtard, Ian Schrager, un business man hors pair, cela devrait fonctionner. Encouragés par leur amie Carmen d’Alessio, agent de stars, ils trouvent rapidement un studio télé de la CBS, ancien théâtre, à louer. Ils nomment leur discothèque le Studio 54 (car il situé sur la 54ème rue) : le défi est désormais lancé. La soirée d’inauguration est fixée au 26 avril 1977. Carmen d’Alessio envoie 5.000 invitations à travers le monde aux plus grandes stars de la mode, de la musique et du cinéma, avec un cadeau personnalisé pour chacune d’entre elles. Cette première soirée est tellement un succès que plusieurs célébrités comme Mick Jagger et Franck Sinatra ne réussiront pas entrer.


La file d'attente à l'extérieur de la discothèque.

Les trois clés de la réussite du Studio 54 :

. Une sélection très rigoureuse à l’entrée : Pour Steve Rubell et Ian Schrager, leur discothèque idéale, c’était une discothèque glamour et « mixte » (ils essayaient le plus possible d’équilibrer le nombre de célébrités et d’inconnus « in », de « blancs » et de « noirs », d’hétéro et de gays). Pour cela, ils n’hésitaient pas à être très sélectif, n’adressant qu’un « You’re ugly » ou « Go home and change » aux malheureusement (mais majoritaires) recalés. Il arrivait parfois de laisser le Studio presque vide avec plus de 5.000 personnes à l’extérieur pour la simple raison qu’aux yeux de Steve Rubell il valait mieux cela plutôt que de laisser entrer une personne mal habillée ! Et pas de traitement de faveur pour les stars : Cher, Woody Allen ou encore Bernard Edwards et Nile Rodgers, les membres du groupe Chic, en ont fait les frais (on raconte d’ailleurs que ce serait après qu’ils n’aient pu entrer dans le Studio que, rentrés chez eux, ils auraient composé une chanson, « Fuck off », renommée « Freak Out », puis « Le Freak », devenue aujourd’hui ultra célèbre).


Pour son anniversaire au Studio 54, Bianca Jagger arrive sur le dance floor sur un cheval blanc.

. Un parvis de stars : Dépenser de l’argent, pour en gagner plus par la suite, telle était la devise de Steve Rubell et Ian Shrager, et plus précisément encore, les deux hommes comblent les stars de cadeaux, les stars font de la pub pour le Studio, le Studio gagne en notoriété. Pour leurs anniversaires respectifs, les deux hommes offrirent à Bianca Jagger, l’honneur d’arriver sur le dance floor assise sur un cheval blanc, une semaine après la soirée d’inauguration, et à Andy Warhol un sac rempli de billets de dollars. On y croisait ainsi les plus grandes stars du moment : Mick Jagger et sa femme de l’époque Bianca, Jerry Hall, Salvador Dali, Debbie Harry (Blondie), Cher (oui, elle a fini par y rentrer), Diana Ross, Liza Minnelli, Calvin Klein, Elton John, Andy Warhol, Truman Capote, Michael Jackson, John Travolta, Jackie Onassis, Elisabeth Taylor, Farrah Fawcett, Olivia Newton-John, Muhammed Ali, Sylvester Stallone, Chuck Berry, Keith Richards, John Lennon et Yoko Ono, Divine, Rod Stewart, Bette Davis, Al Pacino, Sophia Loren, Diane von Fürstenberg, etc.

Sur la scène du Studio 54, "l'homme sur la lune".

. Le temple de la drogue sans complexe, du sexe désinhibé et des excès en tout genre : Le Studio 54 faisait 100 mètres de long sur 80 de large donc grand club mais qui gardait son côté salle de théâtre avec son balcon et sa scène. Là, tout n’était que démesure et excès. Les baffles descendaient du plafond. Des serveurs en petites tenues (slip et nœud papillon) venaient vous servir votre cocktail sur votre banquette argentée ou au bar, serti de miroirs. La piste de danse était en parquet, les escaliers richement ornés. Sans parler de « l’homme dans la lune » sur la scène, avec sa cuillère à coke mécanique, qui partait puis revenait sous son nez. Selon Kenny Carpenter, un ex DJ résident du Studio 54 : « Il n’y aurait pas eu de Studio 54 s’il n’y avait pas eu la cocaïne, parce que cette drogue était vraiment le moteur de ces soirées. Les gérants jouaient là dessus ». La cocaïne était partout, aussi bien dans la salle même que dans le carré VIP (la cave de la discothèque : le premier carré VIP du monde). Il était en effet courant de faire tomber des ballons du plafond, avec un peu de cocaïne dedans : il suffisait de les faire exploser ! Certains affirment encore aujourd’hui que si vous vous souvenez de ce que vous avez fait au Studio 54, c’est que vous n’y étiez pas vraiment. Kenny Carpenter continue : « En ce qui concerne le sexe, c’était effarant ! Encore maintenant, on trouve des clubs à New York avec des back rooms où il se passe beaucoup de choses, mais au Studio 54, c’était vraiment un autre niveau ». Une salle de la discothèque était même dédiée aux pratiques sexuelles : le dernier balcon qui surplombait le balcon et le dance floor.

Andy Warhol et Truman Capote.

Jerry Hall et Blondie.

Diana Ross dans la cabine du DJ.

La fermeture : Lors d’une sévère perquisition en décembre 1979, Rubell et Schrager sont arrêtés dans leur discothèque pour fraude fiscale de 2.5 millions de dollars de l’époque et distribution de drogues au personnel et aux clients (Shrager avait noté tous les cadeaux qu’il avait fait aux stars, y compris la cocaïne et le poppers) et contraints à la fermeture. Les choses ne s’arrangent pas : on trouve un peu plus tard dans les locaux 750.000 dollars en liquide et une importante quantité de cocaïne littéralement à l’intérieur même des murs du Studio ! Cependant, les deux hommes sont autorisés à organiser une dernière soirée d’adieu appelée « The End of Modern-day Gomorrah » le 4 février 1980. Ce soir là, sont entre autres présents Diana Ross, Richard Gere, Jack Nicholson et Sylvester Stallone. Le lendemain, les deux hommes doivent être enfermés. Initialement condamnés à trois ans et demi de prison chacun, les deux hommes n’y resteront « que » 13 mois. Le studio sera racheté par Mark Fleischman, un propriétaire d’hôtels à New York, pour 4.5 millions de dollars et rouvert en septembre 1981 mais le succès n'est plus au rendez vous. Le Studio 54 ferma définitivement ses portes en mars 1986. En juillet 1989, Steve Rubbell meurt à 45 ans du sida. Ian Shrager, quant à lui, a fait fortune dans l’hôtelerie et continue à vivre sa vie, une vie plus sage désormais.



M.





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